● Récits
Le Moyen Age
" Le 13 Novembre 1344, Michel RIBAUTE, Bertrand BARRAL, Pierre PRIEUR, et Jean de DIONS, fermiers de la mine de SAINT-JEAN-DU-PIN, traitent avec Guillaume de BOSSAGNES, laboureur d'ALES. Ils lui promettent 3 deniers tournois par salmée de charbon gros à usage de forge et 1 denier tournois par salmée de charbon à usage de four à chaux."
L'épopée TUBEUF
Peu aprés 1770, on vit apparaitre dans les cévennes, un normand, Francois-Pierre de TUBEUF, qui avait obtenu du Roi, le droit d'exploiter le charbon qui pourrait se trouver aux environs d'ALES, SAINT-AMBROIX, LAUDUN, ANDUZE, VILLEFORT, AUBENAS et VIVIERS, ayant BARJAC au centre. Il monopolisait ainsi toutes les concessions du bassin minier sur une superficie trés supérieure à celle du bassin actuel des cévennes.
Pourtant, c'est l'exploitation des mines de ROCHEBELLE qu'il s'attacha à développer. Sans doute ses prospections lui avait-elles révélé que le charbon y était de bonne qualité et le gisement assez important pour assurer la rentabilité des travaux. Une autre raison est que les transports étaient difficiles et couteux (avant l'installation du chemin de fer) et qu'il était préférable de produire le charbon à proximité d'un centre d'utilisation. Or, à cette époque, ALES était déja un centre artisanal assez important pour constituer une clientèle stable et la position des mines en bordure d'une route incitait à opérer dans cette zone.
De TUBEUF étant donc assuré de trouver du charbon dans la colline de MONTAUD, entreprit le creusement de deux galeries, ce qui lui fit découvrir, en poussant vers la colline du MAS DE BOUAT, six veines de charbon parallèles.
Afin de permettre l'écoulement des eaux, il creusa à LA LOUBIERE, un travers-bancs débouchant à un peu plus de deux mètres au-dessus du niveau moyen du GARDON.
Ce travers-banc, qui devait recouper par la suite toutes les couches du faisceau de CENDRAS, ne fut abandonné qu'en 1807. L'entrée, quoiqu'en partie obstruée, est encore visible.
Pour établir la circulation de l'air dans les galeries, il fonca en 1776 à ROCHEBELLE, un puits qui portait son nom. C'était en 1970 l'un des plus anciens, sinon le plus ancien puits de mine existant en France. Il fut utilisé jusqu'en 1910 à la fois comme retour d'air et pour servir de balance pour descendre les remblais (jusqu'à la fin de la guerre 1939-1945, on remblayait les travaux aprés dépilage du charbon).
Lorqu'il abandonna l'exploitation des mines, peu avant la révolution, de TUBEUF avait déja réalisé une installation selon des méthodes modernes. L'un de ses fils, relatant les travaux, devait ecrire plus tard:
' L'exploitation consiste en des montées taillées dans l'épaisseur du charbon qui tombe ensuite par son propre poids sur le sol des galeries d'extraction. Il est transporté de là à l'embouchure de la mine. Nous avons puisé la houille depuis le sommet de la montagne jusqu'au niveau du GARDON. Nous avons entrepris quelques dessertes au-dessous du niveau de la rivière, mais nous avons craint une irruption subite des eaux, d'autant plus que nous éprouvions déja beaucoup de difficultés à vaincre celles qui se manifestaient en profondeur.'
Pour le transport en galerie, de TUBEUF avait construit un curieux véhicule: c'était un wagonnet en claie bardé de dandes de fer. Il comprenait deux trains de roues, celles de devant ayant un diamètre inférieur à celui des roues de derrière. Sur l'essieu avant était fixé un guidon. Ce véhicule roulait aisément sur deux couloirs de chêne de 14 centimétres de largeur espacés de 4 centimétres. Dans cet intervalle circulait le guidon, enveloppé d'un fourreau qui tournait sans cesse le long du couloir. Un homme pouvait manoeuvrer facilement cette sorte de machine chargée sur toute la longueur d'une galerie. Le frottement des organes contre les couloirs de bois produisait un grincement qui ressemblait aux aboiements d'un chien, d'ou le nom de 'chien', donné à ces wagonnets.
Ce nom de 'chien de mine' cité dans les écrits de l'époque a induit en erreur certains chercheurs qui ont cru à tort qu'il s'agissait de chiens de trait attelés aux wagonnets en guise de chevaux.
Mais revenons en à la concession qui avait été primitivement attribuée à Francois de TUBEUF: elle équivalait en superficie à l'un de nos départements actuels. Cette brusque tentative de remembrement des concessions, qui ressemble à notre nationalisation, était peut-être séduisante, mais nous allons voir qu'elle était prématurée.
Les travaux entrepris par de TUBEUF furent menés 'avec intelligence et zèle'. Mais lorsqu'on s'apercut qu'en revalorisant les mines il risquait d'en tirer de gros profits pour lui seul, les jalousies éclatèrent.
Considérant le charbon comme un bien personnel, les propriétaires ne virent plus en de TUBEUF qu'un usurpateur, un aventurier venu du bout du monde (la NORMANDIE), et se liguèrent sous la conduite du Maréchal de CASTRIES (Seigneur d'ALES et Ministre d'Etat), pour faire opposition à la concession.
La querelle, d'abord contentieuse, dégénéra en lutte à main armée. Les mémoires de l'époque relatent un combat sanglant qui eut lieu au CHATEAU DE TROUILLAS, ou le Maréchal de CASTRIE, propriétaire, faisait exploiter une mine. De TUBEUF paya de sa personne, et malgré le détachement d'invalides qui l'appuyait, y perdit 3 dents et 1 oeil.
Finalement, un arrêt du 29 Décembre 1786 dépossédait de TUBEUF des mines de TROUILLAS et de LA GRAND'COMBE, au profit des propriétaires du sol.
De TUBEUF, presque ruiné, abandonna l'exploitation des mines, et s'exila en VIRGINIE comme défricheur de terres, avec un de ses fils. Il y périt assassiné par les Indiens, en 1794. Triste fin pour un pionnier !
[HBCM-HOUILLERES DES CEVENNES-GARD]
Les Chemins De Fer
En 1830, Paulin TALABOT effectue une premiére excursion à LA GRAND'COMBE, à cheval, par la gorge de l'AVENE. L'extraction de la houille avait commencé dans cet endroit en 1809, mais elle s'opérait par les procédés les plus rudimentaires, et dans une proportion infime, faute de moyens de transport.
Ce sont les relations de TALABOT avec Georges STEPHENSON et son fils Robert, qui ont déterminé sa vocation: le succès obtenu en Angleterre l'encouragea à entreprendre le chemin d'ALAIS.
Pour la concession du Chemin De Fer, obtenue le 20 Juin 1833, il a trouvé des collaborateurs à MARSEILLE (Monsieur VEAUTE et Monsieur ABRIC, notables), à NIMES (Monsieur MOURIER, entrepreneur en Travaux Publics), et surtout à PARIS (James de ROTHSCHILD, banquier)
Finalement, l'acte de société pour l'exploitation des mines et la construction du chemin de fer est signé le 27 juillet, les sociétaires étaient Messieurs Léon, Jules et Paulin TALABOT, VEAUTE, ABRIC, MOURRIER, FRAISSINET, ROUX, LUCE, RICARD, DELORD et FOURNIER.
Cette Société était établie en commandite, par actions en noms collectifs, au capital de 16 millions:
- 6 Millions pour 6.000 actions, prêtés par l'ETAT, remboursables en charbon (à fournir à la marine militaire),
- 6 Millions souscrits par la maison ROTHSCHILD,
- 8.000 actions, dites de fondation, pour les fondateurs, ne devant participer aux bénéfices qu'après que les porteurs de 16.000 actions de capital auraient prélevé 5% de leur mise.
La ligne d'ALAIS à BEAUCAIRE offre le premier exemple français d'un chemin de fer établi sur un type qui, depuis, n'a plus varié. L'exécution si parfaite et si rapide de ce chemin, où viaducs et tunnels se succèdent incessamment dans une partie notable du parcours, fait d'autant plus d'honneur à TALABOT et à son collaborateur, qu'au début surtout ils étaient à peine secondés.